top of page

C'est un 15 juillet, jour de la Saint Donald, qu'Alexandre Canard-Volland voit le jour, à La Tronche.

Un bien curieux départ dans la vie. Une absurdité. Une blague de première, pourrait-on dire.

 

Ainsi, très vite, ne taillant pas plus haut qu'une mauvaise vanne, il se range du côté des petits. Quoi de plus normal me direz vous. Les moqueries, tant sur sa taille que son nom de famille, lui apprennent un drôle de sentiment, une sensation dont il n'existe pas encore de nom officiel dans toutes les têtes qui composent cette société des années 80 : Le harcèlement.

Le harcèlement,donc, lui fait ressentir "L'injustice du monde", ou plutôt "L'injustice de l'être humain". Car si la justice a été inventée par l'être humain, son contraire en découle forcément, non ? N'y a-t-il pas plus absurde que cette remarque devenue comme vérité pour nombre de nos contemporains : "La vie est injuste". Cela raisonne un peu tel : "Comme un lundi", "Le fond de l'air est frais" ou encore "Ils sont fous, les gens". Mais ne nous égarons pas et reprenons cette épopée individuelle.

Naturellement, mais avec beaucoup de temps, il coupe avec son éducation dite "de droite" puis, il se tourne (enfin !) vers la lecture après quelques années de chantier. Il découvre la philosophie (Sénèque, Marx, Proudhon, Nietzche, Deleuze), les combats sociaux (féminisme, écologie, les communs, etc) ; et il comprend enfin qu'il n'est pas seul. Que beaucoup de gens, pour ne pas dire tout le monde, souffrent du regard des autres. Du jugement. Du jugement de la norme. Mais qu'est-ce que la norme ? Doit-on pour autant le considérer comme islamo-gauchiste ?

Hop, hop, hop, nous nous égarons encore !... Continuons.

 

Le théâtre deviendra alors le lieu où on peut tout lâcher !

 

Bourré de cynisme et de dérision - et surtout d’auto-dérision (précisons tout de même que c'est lui qui a écrit ses quelques lignes et que l'emploi de la 3ème personne du singulier fait parfois tourner la tête à certains comédiens)  - servis par un dynamisme débordant et une certaine agilité, il propose toujours du vécu avec le plus de sincérité possible. Il prend toujours plaisir à jouer, quelque soit le personnage, l'archétype. Cette curiosité et cette énergie sont parfois à temporiser, mais c'est ce qui le pousse à apprendre de ses personnages.

Alexandre aime jouer. Comme un enfant, chaque nouveau jeu apporte ses règles, ses contraintes. "Vive la récré !"

Une fois ces contraintes intégrées au corps et/ou à la raison, le lâcher-prise peut commencer. Ce lâcher-prise est une sensation extraordinaire de liberté, parce qu'on ne contrôle plus rien. Tout est "vrai" et tout nous échappe.

 

Comme disait Louis Jouvet dans Le comédien désincarné :

« C'est cela que j'appelle le "comédien désincarné"; c'est quand tu n'es plus toi-même, mais seulement le mannequin, ce vide, ce creux, inconscient, et conscient de cette inconscience, de cette modestie, de cette servilité humble - vide-toi de toi-même; c'est le commencement de cette pratique [...] C'est de cela qu'il faut profiter, de cette pureté, de ce vide de soi qu'aucun autre ne peut atteindre sauf le mystique, sauf le fervent, sauf l'illuminé. [...] Le travail du comédien procède de la sensation jusqu'au moment où le sentiment juste apparaît [...] Il ne faut pas venir avec une conception, une intention toutes faites."

 

Ces dernières années Alexandre a pu développer son jeu face caméra. Un tout autre terrain de jeu dans lequel il peut exprimer pleinement des émotions tout en prenant garde de ne pas trop en faire (ce qui n'est pas rien), la caméra captant chaque millimètre carré d'une peau, d'un visage. Comme au théâtre, il s'essaie à tous les registres. Il apparaît aussi bien dans une satire de notre gouvernement, interprétant un "Manu" en quête de notoriété, ou dans des courts-métrages indépendants afin d'explorer un maximum d'univers différents. Et toujours cette recherche de sincérité.

 

En tant qu'acteur, comme un "illuminé", il s'inspire des combats sociaux cités plus haut pour mieux exprimer les passions qui les forment et, ainsi, construire sa propre conscience politique, dont l'une des seules rares convictions est la convergence des luttes.

"Que les corps et les passions s'expriment pour montrer le monde tel qu'il est, et non comme il devrait être". Oui, quand il veut, quand ça lui prend, il peut écrire de belles choses, l'animal !

 

Il est à noter également que ses dures années de labeur dans le Bâtiment et la Restauration, lui permettent d'être un bon assistant sur certains chantiers techniques et de s'intégrer parfaitement à un collectif.


"L'illumination du théâtre, ce n'est pas celle de la rampe, mais des âmes."  Louis Jouvet

bottom of page